Histoire Premiere Partie
Traduction de l'anglais par Élène Sergerie

 

 For English Version, Click Here

L’histoire du cheval canadien commence en 1665, lorsque le roi Louis XIV, aussi appelé le roi Soleil, envoya les premiers chevaux en Nouvelle France. Ceux-ci furent distribués aux officiers du Régiment de Carignan-Salières, aux membres du Conseil souverain ainsi qu’aux communautés religieuses de la colonie. Ainsi 14 chevaux ont quitté le Havre en Normandie sur le navire Le Marie Thérèse, le 10 mai 1665. Après 9 mois d’une traversée secouée par le mauvais temps, 2 étalons et 12 juments posent sabot à Tadoussac le 16 juillet. En 1667, 15 chevaux arrivèrent le 25 septembre 1667. 2 autres envois sont rapportés en 1668 et 1669 (Thomas Chapais, 1914). En 1670, un étalon et 12 juments seront envoyés et distribués aux gentilhommes de la colonie.1671 marque par le dernier envoi et la fin du peuplement équin par la France. Au total 81 chevaux seront envoyés par la France.

/i/Website2/2Horseship.jpg

/i/Website2/Breton_&_Dutch.jpg Bien que personne ne connaisse les origines de ces chevaux, force est de reconnaître les vastes connaissances en élevage des chevaux qui existaient en Normandie, datant de l’antiquité. Même de nos jours, la Normandie est toujours le berceau d’un élevage reconnu mondialement pour la qualité de ses produits. Plusieurs centaines d’années avant JC, les chevaux étaient présents dans la Gaule, utilisés à des fins militaires. Jules César note dans son journal en l’an 58 avant JC l’élégance ainsi que la qualité de l’élevage de cette région. Les petits Asturian, provenant des Pyrénées étaient très recherchés à cause de leur grande sûreté de pied, ainsi que leur sobriété. Ils deviennent donc populaires à travers la France, comme poney d’attelage et un certains nombres furent exportés dans les Iles Brittaniques; ils contribuèrent au développement du poney Gallois et Fell. Un autre, le destrier Norman, lorsque accouplé avec du sang oriental, provenant de chevaux arabes et barbes introduit en France au retour des croisades contribue au développement de ce qui va devenir la race du Percheron, et celle du Spanish Norman, toutes deux réputées sur les champs de bataille.

Dans le nord de la France, l’élevage est fortement influencé par la proximité des Pays Bas. Au 16 ième siècle, l’Angleterre a réquisitionné plus de 10 000 chevaux des Pays Bas afin d’envahir la France; en effet les chevaux hollandais avaient la réputation d’être plus résistant que leur congénères anglais dans un rapport de 3 pour 1. Au 17ième siècle, la France utilisa des chevaux de la Flandres afin d’assécher des marais dans le Poitou. Les chevaux du Cotentin et de Bretagne possédaient une réputation de douceur, de sobriété alliée à des allures très souples. Encore de nos jours, on peut comparé certaines caractéristiques du Cheval canadien avec ses cousins Européens, que ce soit le Cheval de Castillon, le Mérens ou encore le Friesian, l’ Asturcone, le Corlay Breton et le Murgese. /i/Website2/Cotentin2.jpg

/i/Website2/LouisXIV.jpg

Louis XIV est connu pour ses goûts extravagants et adorent s’entourer de choses magnifiques provenant de l’époque baroque. Il importe des étalons de L’Ibérie (ancienne Espagne) pour sa maison royale, ainsi que pour la cavalerie. Il croisera ces étalons avec des juments du terroir pour produire un type de cheval au pas relevé. À la cour de Versailles, se vivront donc une époque florissante de l’art équestre avec la fondation de l’École de Versailles et surtout par la création des haras nationaux en 1665. Lorsque complétées, les écuries royales compteront jusqu’à 600 chevaux royaux.

Les dessins et gravures de cette époque nous aide à imaginer à quoi les chevaux royaux ressemblaient. Lors du premier débarquement de chevaux en Nouvelle France, Louis Nicholas, missionnaire jésuite dans la colonie décrivait un de ces étalons dans le "Codex Canadiensis" que le cheval est "un des plus beaux qu’il n’avait jamais vu. Cent ans plus tard, Cornelius Krieghoff, peintre canadien d’origine hollandaise réalise des toiles avec les chevaux de ce temps, les descendants des étalons royaux. Étienne Faillon capture dans ces écrits l’essence même de la race: "Petit mais robuste, des jarrets d’acier, une épaisse crinière flottant au vent, l’œil clair et vivant, de petites oreilles mobiles, oeuvrant jour et nuit avec cœur et courage, derrière son harnais, gentil, affectueux, suivant la route avec le meilleur instinct pour retrouver l’écurie."

Un autre artiste Frederick Remington, cette fois de l’Ouest canadien écriva, quelques 100 ans plus tard, dans Horses in the plains (1889)  que " le cheval Canadien français, et le cheval Morgan, sont à toute fin pratique, les meilleurs chevaux développés en Amérique du Nord."

/i/Website2/Codex_&_Krieghoff.jpg

/i/Website2/Sleigh_Race.jpg La Nouvelle France couvrait non seulement les limites de la province de Québec actuelle, mais bien plus encore. En 1665, elle occupait les territoires suivants : le Vermont, l’état de New York , le Michigan, l’Illinois, le long du Mississipi jusqu’à la Nouvelle Orléans. Les chevaux arrivés se sont adaptés à leur nouvel environnement, mieux que bien d’autres animaux envoyés en Nouvelle France; rapidement il devient indispensable à l’habitant, que se soit pour le transport du bois, la récolte de l’eau d’érable ou tout simplement pour mener à l’église la famille pieuse tous les dimanches. Le sport nord-américain de l'emballage de harnais a commencé par des courses de traîneau à travers la glace près de Montréal.

Le Cheval Canadien a aussi connu une vie militaire. En 1759, ces chevaux furent utilisés par les corps de cavalerie de l’armée de la Nouvelle France ; le général Montcalm a lui-même monté un étalon noir de fière allure lors de la bataille des Plaines d’Abraham. En 1777, 1500 chevaux Canadiens furent achetés par l’Armée britannique dans Montréal et ses environs et furent utilisés par le général Gentleman Johnny Burgoynes, dans sa marche sur Ticonderoga. Le cheval Canadien a servit dans les milices et troupes de volontaires lors de la guerre de 1812, et l’affrontement avec les Fénians. Pendant les plus mauvaises années de la Rébellion des Patriotes, on rapporte que 1837 et 1838, les milices d'armée et volontaires britanniques volent plus de 800 chevaux canadiens quand ils ont brûlé, ont pillé, et ont détruit les villages Canadiens Français en le Bas Canada.

/i/Website2/Montcalm_on_horse.jpg

/i/Website2/greycolumbus.jpg La race connaît une réputation importante pour l’habileté comme cheval de route et de course. En 1820, des expositions d’agriculture se tiennent dans le Bas Canada et à New York. Au cours de ces années, un nombre croissant de chevaux, étalons et juments seront vendus aux États Unis; plusieurs de ces chevaux seront utilisés dans les race du Morgan, du Tennessee Walking Horse, de l’American Saddlebred et du Standardbred. En 2000, une étude conduite par l’Université de Guelph en Ontario confirmait une parenté génétique entre le cheval Canadien et le cheval Morgan. Deux étalons Canadiens les plus réputés quitteront le Canada pour les États Unis : Pilot (1829) et St-Lawrence (photo-gauche 1846) Beaucoup d’autres chevaux Canadiens seront aussi exportés en Angleterre car leur nature facile plaît aux Anglais et fait d’eux des chevaux d’omnibus très recherchés. (Haut-gauche- Étalon Colombus, propriété de la famille Dansereau, Verchères, Qc. Vendu aux États Unis; il deviendra #1156 dans le livre généalogique du cheval Morgan).

Le cheval Canadien reprend du service lors de la guerre civile et ce sont par milliers qu’ils traverseront la frontière pour grossir les rangs de l’armée de l’Union. On estime qu’à la fin de la guerre, plus de 30, 000 chevaux furent exportés. Après la guerre civile, et la perte affreuse de la vie humaine et équine, les acheteurs américains ont continué à venir au Canada pour des chevaux. Les vieux journaux de Québec tels que « Courrier de St. Hyacinthe » ont rendu compte de l'afflux des acheteurs américains et les trains des chevaux canadiens ont embarqué des sud.

Plus tard, en 1874, Le cheval Canadien fera encore l’histoire, cette fois au Manitoba lorsque la police montée marchera sur les métis et mâtera la rébellion. Ils serviront aussi en 1885, lors de la bataille de Little Bighorn. Lors de la guerre des Boers, en Afrique du Sud, plusieurs chevaux seront à nouveau envoyés pour servir sous les troupes anglaises. Finalement durant la première guerre mondiale, plusieurs furent envoyés en France et ne sont jamais revenus.

Ironiquement, ce sont les qualités du cheval Canadien qui menaceront la race; en effet la popularité de la race est trop grande, la pression des acheteurs trop forte et les éleveurs réalisent trop tard qu’ils ont perdu leurs meilleurs éléments.

/i/Website2/Civil_War.jpg

/i/Website2/Haras_cover.jpg

 Malgré le fait que le cheval Canadien étaient menacés de disparition depuis fort longtemps, la lenteur bureaucratique et les longs discours politiques ont tardé à réagir. Plusieurs dirigeants du pays croyaient que la race a été parfaitement adaptée au climat et au mode de vie canadiens, et que l’on devait identifier les chevaux Canadiens survivants et devoir reconstruire la race.

D'autres croyaient que la race avait été trop endommagée par accouplement croisé et exportation et qu'il y avait peu de chevaux canadiens de bonne qualité restants.  Ils préconisaient l’importation de chevaux ‘Améliorateur de la race’, tel que le Percheron, le Norman, alléguant que ces chevaux partageaient des souches communes avec le cheval Canadien. Ceci donna lieu à la mise du pied de la Compagnie du Haras National, dirigée par Louis Beaubien, dont les compétences en agriculture étaient très politisées. La Compagnie du Haras National dont l’Existence fut de courte durée, importera quantité d’étalons Percherons, Arabes et Norman afin de développer une nouvelle race de chevaux susceptible d’être exportée comme carrossier aux Etats-Unis.

 

Suivante
(en construction)